Cybele et les saisons ou Allegorie en Terre , Albani Francesco

Cybele et les saisons ou Allegorie en Terre , Albani Francesco

Les figures archetypales en copine seductrice

Je fus parcouru par un frisson subit si il me sembla entendre une voix tout juste audible gemir… Mon nom ! C’etait la voix d’une femme qui m’appelait, elle semblait etre dans la detresse, ainsi, je crus reconnaitre le timbre si familier ! Malgre l’attitude inhabituelle de mon mulet qui s’affolait et cette voix mysterieuse et douce qui me reclamait je me ressaisis de ma frayeur et voulus decouvrir malgre tout d’ou venait cet appel, car un individu que je connaissais si»rement avait besoin d’aide…

Et c’est alors qu’elle m’apparut, tellement belle et saisissante, vetue d’un voile blanc etincelant, debout a cote d’un olivier. Je sautai ma selle [. ]. J’me dirigeai, comme subjugue par elle car sa silhouette fine, sa voix cristalline ne pouvaient etre que celles d’une jeune fille que je connaissais ; j’en fus convaincue Quand je vis le magnifique visage, legerement eclaire avec un rayon de lune ; ses cheveux flamboyants d’un roux orange ondulaient sur ses freles epaules et retombaient tel un chale de feu sur une poitrine, jusqu’a ses larges hanches… Elle avanca le bras gauche denude vers une branche qu’elle semblait tenir et tendit par moi sa main droite en me regardant, en me souriant affectueusement comme pour m’inviter a m’approcher davantage .

Je fis aussi quelques pas par elle et o stupeur ! Il sembla reconnaitre nettement Danna, une jeune fille du voisinage, dont j’etais eperdument amoureux et que je revais d’epouser… Mais elle etait morte depuis un certain temps ! Emportee subitement par une meningite fulgurante.

Mes cheveux se dresserent litteralement concernant la tronche et mon c?ur battit comme votre tambour fou[. ]. J’eus un eclair de lucidite et je realisai qu’il ne resilier abonnement dine app pouvait s’agir que d’une seule creature, la terrible, l’ensorceleuse Aisha Kandisha, la maudite ! Je fus liquefie d’une terreur mortelle ; elle se rendit compte de mon effroi et cessa de sourire ; elle se fit plus pitoyable, plus cajoleuse et d’une voix dechirante elle me supplia d’approcher d’elle : « Moh, Moh, m’implora – t – celle-ci, o gamin de mes coloc’, ne me reconnais – tu pas ? Ne te rappelles – tu environ moi ? Aide – moi, je t’en supplie, donne – moi la main… ».

Je fus sur le point de ceder a son appel irresistible, de lui tendre ma main, je ne savais plus que faire, je recitai interieurement des prieres, et cela me redonna legerement plus d’assurance [. ] Plus je baissai la main vers ma ceinture pour empoigner notre couteau plus une physionomie se transformait affreusement. Mon mulet derriere moi s’ebrouait, frappait le sol de ses sabots, tel s’il me suppliait de reprendre courage ; lorsque enfin je touchai la poignee ma lame je vis le beau visage se remplacer en 1 rictus hideux et une grimace affreuse la tordre de depit et de colere !

Elle detacha enfin son bras de l’arbre et s’avanca lentement vers moi ; c’est alors que je pus voir ses pieds apparaitre sous le drape ample de le motocross : c’etait 2 sabots noirs et fourchus, pareils a ceux d’un bouc, recouverts d’un poil luisant qui montait jusqu’a ses chevilles. Sa demarche est maladroite, sautillante, elle fit 1 bond, se rua via moi mais avant qu’elle m’atteignit J’me jetai brusquement a terre et plantai la pointe du poignard dans le sol ! Elle hurla de douleur comme si votre fut elle qui etait touchee a mort. Je m’agrippai desesperement a la poignee de ma lame et ne bougeai plus, terrorise, replie concernant moi – aussi, fermant de l’ensemble de mes forces mes yeux pour ne plus voir l’ignoble creature qui se demenait autour de moi, en vociferant de fureur !

Je sentais l’air qu’elle remuait de ses bras et de son voile et j’entendais son terrible souffle, comme un sifflement de viperes au dessus ma tete, ponctue de cris de souffrance.

Elle me suppliait en delivrer, en retirant la lame plantee dans le sol, car aussi longtemps que je resterais ainsi elle souffrirait et ne pourrait rien faire. Je refusai d’obeir a ses dechirantes supplications, de peur qu’elle ne tint nullement parole. Je l’entendis alors me promettre bien ce que j’esperais, la puissance et la jeunesse, un coffre rempli de pieces d’or et d’argent, mais rien ne m’importait plus a i§a que d’avoir l’existence sauve et que cessat au plus vite votre insoutenable cauchemar, que les choses redeviennent normales, qu’elle disparaisse rapidement et que je l’oublie !

[..] Je repris peu a minimum mon calme et si je realisai que bien est vraiment fini J’me suis enfin releve ; je regardai les arbres immobiles et muets qui avaient assiste a l’etrange scene, la lune et des etoiles qui continuaient de scintiller, comme d’habitude, comme si pas grand chose d’extraordinaire ne s’etait passe ; et je me rappelai d’ou je venais, ou j’allais, ainsi, je pensai a mon mulet. Cela s’etait eloigne a une petite distance et s’etait mis derriere le tronc abattu d’un arganier, comme concernant se proteger en se cachant la.

[..]Je talonnai ma monture et sortis de l’obscurite lugubre de la foret. Je savais qu’il y avait un hameau a proximite et c’est par la que J’me suis dirige sans plus hesiter, car j’etais encore trop obsede avec l’effroyable apparition et J’ai voulu rapidement retrouver des humains, la lumiere, la vie… » [..]Bien des temps apres cet evenement Moh ne sortait environ chez lui ; il ne travaillait plus, non par paresse ou maladie, mais sa famille desirait le preserver des grands efforts ; ils voulaient lui laisser bien le temps necessaire pour qu’il se remette de sa terrible experience ; Indeniablement, il ne parlait guere, ou rarement, Afin de penser seulement qu’il allait bien, qu’il ne fallait surtout jamais le deranger ni plus jamais lui reparler de son etrange nuit.

Cela semblait totalement change [..] « Danna, Danna… » Repetait – il souvent, lorsqu’il se croyait seul dans la terrasse, ou dans sa chambre.[..]